Du côté de chez nous...
Chez nous, il y a des agriculteurs riches de mille expériences, qui souhaitent véhiculer des valeurs au travers de leurs produits. Chez nous, il y a des salariés qui ont la pêche et se dépensent sans compter pour valoriser au mieux les produits des agriculteurs auprès de la restauration collective. Et si on allait à leur rencontre ?
FOCUS AGRICULTEUR
Rencontre avec Quentin RIOU, éleveur de poules pondeuses au parcours pour le moins atypique ! D’une enfance drômoise dans une ferme caprine, en passant par un poste de chargé de clientèle en banque pour finir dans un élevage de poules pondeuses bio dans la Loire, Quentin nous raconte son étonnant itinéraire !
​
Bio A Pro : Salut Quentin ! Tu peux nous raconter en 2 mots comment tu es devenu éleveur de poules pondeuses bio à St Joseph (42) ?
​
Quentin : en 2 mots ça va être dur ! mais je vais essayer ! J’ai grandi en Drôme, mon père était éleveur caprin et vue la rudesse du travail, il ne m’a pas forcément poussé à prendre sa suite… J’ai donc plutôt opté pour un DUT Tech de Co (Techniques de commercialisation) et me suis retrouvé à travailler dans la vente de services dans le milieu des banques, des mutuelles… Entre temps, nous nous étions installés dans la Loire, ma mère s’étant remariée avec un éleveur laitier. Elle-même souhaitant développer une activité agricole, mais ne disposant pas de beaucoup de temps, elle a créé un atelier de poules pondeuses bio en filière intégrée avec un industriel en 2004. Le modèle économique de son atelier battait de l’aile, blague d’éleveur de poules !!! Ahahah ! et en 2008, quand je me suis retrouvé, un temps, au chômage et souhaitant changer de milieu professionnel, l’idée de reprendre cet atelier et d’en faire un outil tourné vers les circuits courts a commencé à germer. Le 1er janvier 2009, je me suis officiellement installé sur la ferme !
Bio A Pro : Pourquoi et comment as-tu réfléchi le changement d’orientation de l’atelier de poules pondeuses ? Ce n’était quand même pas facile à envisager !
​
Quentin : Le suivi d’un atelier en filière complètement intégrée n’est pas des plus épanouissant ! Tous les 3 jours, ma mère palettisait 8640 œufs qui partaient en camion à destination d'industriels pour des ventes destinées à la grande distribution … Tout ça pour un résultat économique désastreux… Et face à ça, on observait une demande des consommateurs locaux en pleine croissance ! Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire, nous avons alors dénoncé le contrat avec l’industriel : finie la filière intégrée, à nous la liberté ! Grâce aux bouches à oreilles, au Guide Bio de l’ARDAB qui m’a permis de contacter des restaurants, des magasins, grâce aux systèmes de panier comme Alter Conso, et grâce à Bio A Pro qui démarrait, j’ai progressivement pu écouler mes 20 000 œufs/semaine en circuits courts !
​
Bio A Pro : ouahou ! Quel challenge ! Et le bilan?
​
Quentin : Super positif! Tant économiquement que humainement ! Économiquement, parce que je valorise beaucoup mieux mes œufs en circuits courts, j’arrive à avoir un juste prix rémunérateur. Et humainement, parce que je livre chaque semaine des clients que j’apprécie, avec qui je peux échanger : c’est beaucoup plus valorisant !
​
Bio A Pro : L’atelier était en bio quand tu l’as repris. Tu aurais fait ce choix de toi-même si ça n’avait pas été le cas ?
​
Quentin : Les valeurs de la bio, ce sont des valeurs qui font partie de mon éducation. J’ai toujours été sensibilisé à une alimentation saine, au respect de l’environnement… Pour moi, prendre en compte ces valeurs dans mon métier, c’est une continuité logique : élever des poules sainement, tout en préservant l’environnement. La certification vient asseoir tout ça, mais pour moi c’est juste du bon sens !
​
Bio A Pro : Et l’aventure avec Bio A Pro ?
​
Quentin : Ça a démarré, dès le départ, en 2009 quand j’ai repris l’atelier et que Bio A Pro faisait ses 1ers pas. Pour moi, Bio A Pro, c’est le bébé des producteurs bio du Rhône et de la Loire. C’est un outil créé PAR les producteurs et POUR les producteurs ! Et c’est un plaisir que de pouvoir participer à la vie de cette coopérative. Je passe, chaque semaine, livrer à la plateforme de Bio A Pro et, chaque semaine, ça me permet d’échanger avec l’équipe salariée : humainement c’est top ! Ce n’est vraiment pas qu’un outil de distribution, ça va bien plus loin. Et j’avoue que je suis super admiratif de cette structure si novatrice, qui est basée sur une vraie collaboration entre salariés, producteurs et clients.
​
Bio A Pro : Comment as-tu fait pour réussir à distribuer des œufs coquilles en restauration collective ? Ce n’était pas gagné !
​
Quentin : Avec Bio A Pro, on a sécurisé au maximum le process de traçabilité en amont sur ma ferme (validation de mes procédures d’étiquetage, sécurisation des aspects sanitaires, …). Ensuite, on a beaucoup échangé avec les chefs de cuisine pour trouver des moyens de travailler les œufs coquilles en cuisine collective : certains chefs de cuisine centrale travaillent aujourd’hui jusqu’à 900 œufs par semaine en ayant mis en place une procédure maîtrisée et conforme aux exigences sanitaires. Ils ont le plaisir de cuisiner avec des vrais œufs !
​
Bio A Pro : Super ! Merci beaucoup Quentin pour ton témoignage !
​
Propos recueillis pour Bio A Pro par Séverine Rabany - Mulch Conseil - Crédit Photographique : Quentin Riu