Du côté de chez nous...
Chez nous, il y a des agriculteurs riches de mille expériences, qui souhaitent véhiculer des valeurs au travers de leurs produits. Chez nous, il y a des salariés dynamiques qui se dépensent sans compter pour valoriser au mieux les produits des agriculteurs auprès de la restauration collective. Et si on allait à leur rencontre ?
FOCUS AGRICULTEUR
Petite confidences de Kathy de la Ferme aux Sources de la Coise
Kathy et York SCHIEBERLEIN sont éleveurs bio à Larajasse dans les Monts du Lyonnais depuis quelques années. Chaque semaine, ils approvisionnent en produits laitiers la coopérative BIO A PRO et Kathy s’investit même activement dans la gouvernance de BIO A PRO en étant présente au comité de pilotage mensuel. Rencontre à tâtons avec une éleveuse qui sait où elle va :
BIO A PRO : Entre nous, Kathy, comment vous êtes-vous retrouvés, York et toi, éleveurs bio à Larajasse ?
Kathy : Pour tout te dire, ce qui nous a poussés à être agriculteurs était l’envie d’avoir un projet en commun, York et moi. Chacun, nous avions eu des expériences professionnelles dans le domaine agricole, York en élevage ovin, en centre de formation pour adulte,… Moi dans des organisations professionnelles agricoles. Pour moi, m’installer était un peu un rêve… Nous nous sommes donc mis à chercher une ferme à reprendre !
BIO A PRO : Dans le Rhône ?
Kathy : Non, au départ dans la Drôme… Mais nous n’avons pas trouvé. Nous nous sommes donc tournés vers le Rhône où l’organisme pour l’installation agricole (ADASEA) a été très actif dans ses propositions. En 2009, nous avons donc fini par trouver une ferme en élevage bovin à Larajasse !
BIO A PRO : Cette ferme était déjà en bio quand vous l’avez reprise ?
Kathy : Non pas du tout et je t’avoue que nous avions sous-estimé la lourde tâche qui nous incombait en terme de réorganisation totale de la ferme. Les vaches étaient vieillissantes, nous avons donc du reconstituer peu à peu un cheptel plus jeune et suivi de près en terme de santé animale. Nous avons également du largement investir pour aménager des stabulations qui permettent un bon épanouissement des bêtes. Enfin, il a fallu construire une fromagerie aux normes CE, qui permette une transformation de qualité…
BIO A PRO : D’accord, mais pourquoi le choix d’être en bio dans tout ça ?
Kathy : Pour nous, il n’y avait pas d’autres choix ! La question ne s’est même pas posée ! Ça fait partie de notre manière de voir le métier d’agriculteur… Par contre, mener un élevage en bio nécessite une grande technicité. Au départ, nous avions 35 vaches laitières montbéliardes, aujourd’hui, nous n’en avons plus que 25. Nous préférons avoir moins de bêtes, mais les suivre individuellement (c’est d’ailleurs pour cela que nous avons fait le choix d’avoir des vaches et non des moutons ou des chèvres, pour le suivi de chacun d’elle !).
BIO A PRO : Mais moins de vaches, ça veut pas dire moins de lait, donc moins de fromages ?
Kathy : pas forcément… Nous avons fait de nombreux investissements, nous devons donc maîtriser rigoureusement notre cheptel pour son bien-être et donc sa bonne production de lait. J’observe énormément mes vaches. En regardant un veau mâchouiller la tétine, je vois s’il a un problème et j’agis beaucoup en aromathérapie en faisant des massages aux huiles essentielles. Ça peut paraître surprenant, mais 9 fois sur 10, j’arrive à soulager une vache qui souffre de coliques en aromathérapie ! Même York en est souvent surpris !
BIO A PRO : La santé animale est donc un point capital de votre métier d’éleveur bio, mais au niveau de l’alimentation des bêtes vous êtes plus cool, non ?
Kathy : alors là pas vraiment ! On ne peut pas se permettre de les alimenter au petit bonheur la chance ! Nous n’utilisons pas d’ensilage. Nous semons nos prairies avec des mélanges suisses (graminées/protéagineux) pour avoir une ration alimentaire riche en protéine. Cette bonne alimentation permet donc de favoriser le bien-être de nos bêtes et ainsi, elles donnent du lait en quantité et qualité.
BIO A PRO : Du bon lait pour faire des bons fromages ! Ça nous donne l’eau à la bouche ! Et comment s’est fait le choix de vendre une partie de vos fromages via BIO A PRO ?
Kathy : en 2012, quand on a démarré la transformation, on est tombé sur une Lettre Info de l’ARDAB (Association Rhône Loire de Développement de l’Agriculture Biologique) qui parlait de la coopérative de producteurs bio, BIO A PRO. La démarche d’un groupe d’agriculteurs bio locaux qui s’organisent ensemble pour livrer la restauration collective, on a trouvé ça chouette ! On trouvait ça super que les enfants puissent manger du bio local dans les cantines !
BIO A PRO : Vous avez donc rejoint la coopérative en 2012 ?
Kathy : oui et dès le départ, on a voulu planifier et travailler de manière pérenne avec BIO A PRO. On ne voulait pas que BIO A PRO soit un bouche-trou de notre système de commercialisation ! Pour nous, c’est vraiment l’outil de distribution des agriculteurs bio du Rhône et de la Loire pour la restauration collective.
BIO A PRO : Vous avez donc développé une gamme spéciale pour la restauration collective ?
Kathy : On a 3 types de produits qu’on vend via BIO A PRO : les briques (fromage à pâte molle), le gourmandin (type reblochon) et des seaux de fromages blancs battus. On est en capacité, pour ces trois fromages de faire du volume. Mais on les propose aussi dans nos autres débouches (marchés bio de Monplaisir, Magasin de producteurs « Au p’tit bonheur des champs », autres magasins,…).
BIO A PRO : Le mot de la fin que tu aimerais dire aux chefs dans les cuisines ?
Kathy : Vous êtes un maillon de la chaîne qui peut promouvoir la qualité et la sureté des produits, cela est non négligeable, et nous vous considérons comme des partenaires !